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Blog littéraire.


Paris est une fête de tous les sens

Publié par olivier rachet sur 25 Décembre 2016, 11:47am

      « Fermé pour cause de Victoire », le théâtre des Bouffes-Parisiens réouvre ses portes le 12 novembre 1918. Au programme, une opérette de Willemetz intitulée Phi Phi, en référence au sculpteur grec Phidias et à ses amantes. Le jeune compositeur suisse Arthur Honegger se rend à la première, en compagnie de Lili, une jeune fille volage, modèle à l’école des beaux-arts. Un ami d’Arthur, Jacques Lassalle, rencontré au Havre avant- guerre, leur a fourni des invitations. Depuis son retour des tranchées, Jacques est devenu l’homme à tout faire du librettiste, après avoir été le chauffeur du Président du Conseil, Georges Clémenceau, qu’il avait pour habitude de conduire à Giverny, chez son ami Claude Monet.

     La première de Phi Phi voit le Tout-Paris affluer en direction du théâtre. Les rues sont euphoriques même si l’on croise parfois des amputés de guerre ou une femme éplorée, accolée à un réverbère. La joie cathartique des ces Années folles, qui voient triompher les salves dadaïstes et les innovations de l’art déco, est à la mesure de l’horreur vécue. Apollinaire, comme nous le rappellent les personnages, aurait dû être le père spirituel de ce renouveau des arts, s’il n’avait succombé au lendemain de la guerre à la grippe espagnole. Aux Bouffes-Parisiens, on aperçoit alors Sacha Guitry, les actrices de music-hall à la mode du jour mais aussi le philosophe Bergson accompagné de la poétesse Anne de Noailles.

     « Paris est une fête » écrira des années plus tard Ernest Hemingway. Paris aura été pendant l’entre-deux guerres cette révolution des formes et cette effervescence des mœurs qui virent se côtoyer les peintres cubistes, les artistes surréalistes et les musiciens de jazz, venus d’outre-atlantique. Fraternité sans commune mesure que seuls les avants-gardes sauront faire renaître de ses cendres. C’est d’ailleurs devant une boîte où se joue un jazz frénétique que le jeune Honegger aura la déconvenue de retrouver son amante Lili, en compagnie de son ami Jacques qu’il venait juste de lui présenter. La jeune femme, éprise de cette liberté libre et de cette insouciance insurrectionnelle propre aux Années folles, leur proposera un marché amoureux des plus réjouissants. Comme le titre de ce récit enjoué l’indique : Deux amants, c’est beaucoup mieux !

Benoît Duteurtre, Deux amants, c’est beaucoup mieux ! Editions Incipit. 

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