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Blog littéraire.


Les Algériens

Publié par olivier rachet sur 28 Février 2020, 12:16pm

    Une terre calcinée, toujours renaissante. Le photographe Lotfi Mokdad a promené son regard d’Alger à Timimoun et Tamanrasset, en passant par Ghardaïa. Des paysages immémoriaux à la révolution dite du sourire. S’il le dispute souvent à l’inquiétude et à l’attente, le sourire des Algériens est omniprésent. « Ils souriaient, j’ai déclenché », écrit le photographe dans l’une de ses nombreuses notations. Autant de choses vues dont la photographie humaniste a toujours su témoigner. Les légendes à elles seules pourraient raconter une histoire de dépossession, de mutilation, mais aussi de gloire et de fierté. « Un pays de réserves, un socle commun d’appartenances », tels étaient les mots que l’artiste Louisa Babari utilisa un jour pour nous décrire l’immensité aussi bien spatiale que temporelle du territoire algérien.

    L’ouvrage s’ouvre sur de rares photographies en couleur magnifiant, s’il en était besoin, la beauté ancestrale de paysages qui n’ont pas attendu que nous les regardions. La terre et le ciel, le désert nous précèdent ; sans doute, est-ce en raison de cette prééminence que les hommes ont inventé le saccage et le pillage. Les territoires appartiennent à ceux qui les habitent : n’est-ce pas la définition même d’un peuple ? Rien n’aura eu lieu que les lieux. La photographie est aussi une topographie : rue Didouche-Mourad, la Casbah, bindonville de Reghaia, le site romain de Tipaza, Ghardaïa dans la vallée du M’Zab, Taghit début du grand Erg occidental. La photographie se nourrit aussi de chaque rencontre et de chaque regard croisé. L’art du portrait est par nature démocratique. Brahim, le patron de la baie d’Alger. Un retraité de la SNTF. Une femme voilée est attablée avec un garçon.

    Aux couleurs des paysages se substitue très vite le noir et blanc de la photo documentaire. Ce sont les notations les plus simples qui en disent souvent le plus long : « Les fleuristes ne manquent pas à Alger », « L’homme de la malchance reste alité », « L’homme regarde le bulldozer détruire le bidonville dans lequel il habitait», «Les Jeddars sont des monuments funéraires berbères des Vème et VIèmesiècles », « La foggara est un système d’irrigation ancestral ». Jusqu’aux derniers clichés documentant le Hirak débuté le 22 février 2019 dont le noir et blanc, comme le suggère la couverture admirable de ce livre, tire de plus en plus vers la couleur.

Lotfi Mokdad, Les Algériens, Pera Melana éditions.

Place Audin Nuit, courtesy de Lotfi Mokdad et des éditions Pera Melana

Place Audin Nuit, courtesy de Lotfi Mokdad et des éditions Pera Melana

Dessin Ghardaïa, courtesy de Lotfi Mokdad et des éditions Pera Melana

Dessin Ghardaïa, courtesy de Lotfi Mokdad et des éditions Pera Melana

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