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Blog littéraire.


L'apocalypse selon Guyotat.

Publié le 15 Octobre 2012, 21:19pm

Pierre Guyotat est sans aucun doute le dernier de nos écrivains, le dernier des hommes à refuser le caractère normatif de sa langue qu’il embrase depuis ce chef-d’œuvre que restera Éden, éden, éden jusqu’à Progénitures écrit dans la langue des hors-la-loi.
Le sommeil profond dans lequel l’auteur fut plongé, et qui sert de trame à ce récit, est beaucoup moins le symptôme d’une âme dépressive en lutte avec les démons de l’Histoire coloniale ou ceux, tout aussi malfaisants de la petite histoire familiale, que l’image inversée du coma dans lequel est plongé, asservissement volontaire devenu universel et globalisé, le commun des mortels.

Guyotat, le poète, rejette sa langue, maternelle et nationale ; rejette en lui l’homme pour se voir « comme nous voient les animaux », « ressentir le monde comme le ressentent l’acarien du tapis, le crabe ou la baleine ». Malheur de l’homme qui se croit encore un homme « dans un monde minéral, végétal, animal, divin ».
Dans ce récit éblouissant et cathartique, l’auteur nous offre la plus belle des transsubstantiations : celle qui commue la langue en Verbe. Aux confins de la prière et de la révolte sourde, Coma demeurera le chant désespéré de la laideur du monde.
Face à des êtres de plus en plus hantés par leur moi et prisonniers narcissico-dépressifs de leur propre image, Guyotat affirme ici merveilleux, hiératique, que le Verbe ou l’Image peuvent encore nous sauver. Viendra le temps de la Résurrection… Pauvres mortels…

Pierre Guyotat, Coma, Mercure de France.

L'apocalypse selon Guyotat.
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