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Blog littéraire.


La haine devant soi.

Publié le 15 Octobre 2012, 11:53am

       Une semaine de vacances appartient à la catégorie sidérante des récits intimes dont on perçoit, dès les premières pages, la portée universelle. Aucune marque de subjectivité apparente dans ce roman qui confronte un père incestueux à sa fille. Deux solitudes saisies dans un face-à-face implacable. Lui est cultivé, assume une sexualité vagabonde et soumet son enfant à ses caprices érotiques. Elle, lit Chiens perdus sans collier de Cesbron et se prête, impuissante, aux désirs d'un père qu'elle semble aimer. Les demandes sans cesse réitérés et les gestes empressés de celui-ci sont décrits avec la précision clinique d'une narratrice devenue adulte, ayant surmonté l'humiliation de la haine de soi.
      La parole se libère dans la mise à distance de l'évènement. Les mots d'amour et de tendresse du père, mais de tous les pères, sont des leurres affolants. La vérité brûlante réside dans la volonté de puissance phallique qui est aussi celle du pouvoir et de la loi. Que la jeune fille relate à son père l'un de ses rêves et l'autorité est mise à nu, démasquée. Que cette semaine cruelle de vacances se termine par l'évocation de la mort de Franco ne doit rien au hasard. Les pouvoirs, toujours quelque peu usurpés ou tyranniques, prospèrent sur une haine indéracinable de soi. Ce que l'on nomme amour – amour en soi ou de la patrie – n'est bien souvent que l'autre nom d'un lent et raisonné asservissement physique ou moral de l'autre. Admirable !
 
Christine Angot, Une semaine de vacances, Editions Flammarion.

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