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Blog littéraire.


Qui se lamente ne s'apitoie que sur son manque de force.

Publié le 15 Octobre 2012, 20:46pm

Il est arrivé quelque chose au mal. Le diabolique n'est plus assimilable aux différentes figures de la tentation, il s'est désanthropologisé. Force centrifuge et centripète à la fois, le diable s'immisce dans tous les rouages de notre société marchande dont le centre ne réside plus nulle part. Il tourne sur lui-même, nous enchaînant dans sa spirale infernale. Ces considérations inactuelles pourraient prêter à sourire si la dépression n'était pas devenue le mal le mieux partagé de notre siècle, relayé en littérature par les chantres du nihilisme que sont Michel Houellebecq ou Jonathan Littell. Le néant et la finitude sont devenus l'horizon incontournable que beaucoup d'oeuvres littéraires réfractent avec un désespérant naturalisme.
François Meyronnis, quant à lui, ne se détourne pas de la question mais il l'affronte, à coups de poing, car l'homme est fait pour être surmonté. Passant au scalpel les derniers romans de Houellebecq et de Littell, Meyronnis débusque une même fascination larvée pour le néant conçu comme négation même de l'être - fascination dont nous serions tous tributaires, victimes du dévoiement de nos vies sexuelles et plus précisément de notre corps amoureux réduit à sa simple fonction organique. C'est en s'appuyant sur les ultimes thèses développées par Foucault que Meyronnis est le plus convaincant, distinguant en chacun de nous plusieurs corps : le corps organique dont la science et les techniques de contrôle moderne ont instrumentalisé les fonctions, le corps jouissance ou le corps amoureux irréductible à quelque fonctionnalité que ce soit mais ouvert sur sa langue et l'histoire des corps qui l'ont précédé. Ce n'est pas le moindre mérite de cet essai fulgurant que de tenter une réhabilitation de la chair et du plaisir d'amour, là où échouent les impuissants de la création.

François Meyronnis, De l'extermination considérée comme un des beaux arts, Collection "L'Infini", Editions Gallimard.

Qui se lamente ne s'apitoie que sur son manque de force.
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