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Blog littéraire.


Au centre, il n'y a rien

Publié par olivier rachet sur 7 Mars 2018, 21:30pm

Osons une question provocante ! La prose de Sollers s’essouffle- t-elle ? La régularité avec laquelle l’auteur de Femmes et de Paradis publie, chaque année, un roman toujours quelque peu différent, toujours sensiblement le même aurait de quoi irriter. Ce dernier roman ne semble pas faire exception. On y retrouve un narrateur, double de l’auteur, marié à une psychanalyste, Nora. La quarantaine, petite-fille du musicien Leonard Bernstein. Tout cela est connu et bien rodé. Il n’empêche. Le roman fait pourtant mouche dans le constat qui est le sien d’une hystérisation galopante des rapports sociaux. La société exclusivement médiatique et le roman désespérément familial s’apparentent toujours à des rêves éveillés à l’écoute desquels sont toujours la psychanalyste et le romancier. À la Trinité catholique continue de faire écho la trinité freudienne indépassable dans laquelle « le Ça est une poubelle de pulsions, le Surmoi est féroce, le Moi est fragile. » Comme souvent, ce que l’on nomme paresseusement l’actualité donne raison aux considérations inactuelles de Sollers pour lequel, depuis 40 ans, seuls le catholicisme et son aïeul le judaïsme savent comment résister à la fascination morbide qu’exerce sur chaque salarié du « spectacle » l’attrait du néant. Non seulement le romancier nous invite à retrouver cet étonnement « de voir passer, dans la rue, un adolescent juif, avec sa kippa de velours sur la tête. Son prépuce allégorique le [reliant] à Dieu », mais il peut s’enorgueillir d’avoir gardé ce souffle cosmique primordial, au cœur du taoïsme, qui irrigue chacun de ses textes. Un roman de Sollers est toujours un évènement, une mutation invisible et silencieuse face au vacarme que le monde nous fait subir. Avec en prime, un art poétique toujours vivace : « Mes romans sont des liaisons de raisonnements. J’entends des voix, je les transcris, ma voix est mêlée à elles. »

      Philippe Sollers, Centre, éditions Gallimard. 

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