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Blog littéraire.


Continents à la dérive

Publié par olivier rachet sur 30 Août 2019, 17:51pm

    Avouons-le : le dernier roman dystopique de Marie Darrieussecq, Notre vie dans les forêts, nous avait laissé perplexe. Aussi a-t-on un plus grand plaisir encore à retrouver la plume acérée d’une romancière dont l’univers se construit depuis une vingtaine d’années autour des frontières aussi bien géographiques qu’intérieures à partir desquelles se dessinent les paysages de la plupart de ses romans. Qu’il s’agisse avec White de décentrer notre regard en direction de l’Antarctique ou avec Tom est mort et Le Bébé d’explorer les limites mêmes de la maternité. La Mer à l’envers renoue certes avec l’imagination maritime et océanique de l’écrivaine, mais aborde surtout – si tant est d’ailleurs qu’elle ne la saborde pas – la question si actuelle des migrations à laquelle elle substitue la problématique éminemment politique des mobilités. Le roman relate l’histoire de plusieurs naufrages : celui d’un jeune nigérien rencontré lors d’une croisière effectuée par la protagoniste Rose en compagnie de ses deux enfants, celui du couple qu’elle forme avec Christian qui tentera de retrouver un nouveau souffle en s’installant à Clèves, dans le Pays basque. Un simple téléphone portable confié à Younès, rescapé dont le visage ne cessera de hanter Rose, suffira à déplacer les frontières symboliques séparant les personnages et reliera, non sans une certaine candeur utopique, un Nord dépressif à un Sud désespéré. Tout est affaire de pôles et d’aimantation parfois chamanique chez Darrieussecq qui prophétise dès l’incipit un rapprochement inéluctable entre des continents à la dérive : « On a l’impression que l’Afrique pousse de tout son crâne contre l’Europe, d’ailleurs c’est peut-être vrai. Une mer tectonique, appelée à se fermer. »

Marie Darrieusecq, La Mer à l'envers, éditions P.O.L

Crédit photo : Farid Belkahia, "La dérive des continents", 2001, pigments sur peau

Crédit photo : Farid Belkahia, "La dérive des continents", 2001, pigments sur peau

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