Sur la route

Publié par olivier rachet sur 18 Octobre 2024, 07:09am

Alors qu’il vient de terminer l’écriture de son précédent roman, Par les routes, Sylvain Prudhomme rassemble ses bagages et part en direction de la frontière séparant le Mexique des États-Unis. « Souvent on s’inspire de ce qu’on a vécu pour écrire. Pour une fois ç’avait été le contraire : je m’étais inspiré de ce que j’avais écrit pour vivre », explique-t-il dans l’avant-propos de son dernier livre, Coyote. À mi-chemin du récit de voyage et du reportage photographique, le livre rapporte les conversations que Silvano, tel que le prénomment les différents conducteurs qui le prennent en stop, engage avec ses compagnons de fortune. Le plus souvent, ce sont des hommes : Juan, Mauricio, Great, Hector, Doug, José ou Simon, qui arpentent un territoire et une frontière beaucoup plus poreuse que ne le laisse à penser le mur de séparation dont rêve Donald Trump dont il est souvent ici question.

Figure honnie pour les uns, admirée par d’autres qui reconnaissent en lui l’image accomplie du self made man, Trump est le catalyseur de conversations rapidement politiques dans lesquelles il est question de l’immigration illégale qui donne son titre au roman ; les coyotes désignant aussi les passeurs. « Le vent, le sable, les serpents, les oiseaux : tous les petits animaux passent. / Pas nous », se contente d’observer un conducteur appelé Jesús ; quand Simon, conduisant l’auteur d’El Paso à Socorro, se demande : « Qui sont les vrais illégaux ? / Qui est venu sauvagement envahir toutes les terres ? » Ces échanges rapportés, entrecoupés de polaroïds pris à la va-vite, cèdent souvent le pas à des réminiscences cinématographiques de films des frères Coen ou de Wim Wenders ; comme si la route n’était qu’une pellicule qui ne devait jamais s’arrêter, à l’image de l’écriture romanesque.

Sylvain Prudhomme, Coyote, Les éditions de Minuit

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