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Blog littéraire.


Le passé qui revient

Publié par olivier rachet sur 2 Septembre 2018, 14:02pm

Ne tergiversons pas ; il faut défendre Angot coûte que coûte ! En ligne de mire, la vérité en littérature, comme Cézanne soutenait à Émile Bernard qu’il la devait en peinture. Comme Titus aimait Bérénice, mais se devait de la fuir ; la narratrice d’Un tournant de la vie aime de nouveau l’homme qu’elle a quitté, dix ans auparavant, Vincent, qu’elle recroise au détour d’une ruelle. Vincent était l’un des meilleurs amis du nouveau compagnon de la protagoniste, Alex, avec lequel celui-ci se remet à travailler, en tant qu’ingénieur du son. Angot connaît, mieux que tous les romanciers actuels, combien est perverse la Carte du Tendre contemporain. Le passé resurgit, et l’amour renaît de ses cendres : « La rupture n’avait jamais eu lieu. C’était un aléa. Un accident de parcours. » La jalousie s’immisce dans le couple formé par la narratrice et Alex, tout comme une rivalité mimétique inconsciente unit Alex et Vincent. L’amour à trois n’est pas une équation, il est l’irruption du réel dans une relation. Angot jamais n’a cru que le couple pût être un mode d’être au monde. La solitude toujours nous étreint à la gorge. Des tierces personnes s’immiscent toujours dans nos histoires d’amour. Ces tierces personnes, Angot les nomme : ce sont tous les avatars du social, toutes les figures – amicales, professionnelles, médicales, amoureuses – en lesquelles le pouvoir s’incarne. Angot, mieux que tout sociologue, sait combien nos relations sont marquées par le sceau de la perversité. Si Vincent se rapproche d’Alex, c’est pour mieux faire pression sur la narratrice. Si Alex harcèle sa compagne avec les doutes qui sont les siens, c’est aussi pour tester son pouvoir sur elle. Mais ces jeux de massacre si banals ne seraient rien sans la voix qui les porte, sans ce souffle animant un récit maîtrisant à la perfection l’art du dialogue. L’émotion assaille, non sans hystérie, la personnalité publique qu’est Christine Angot ; cette même émotion sonne vrai dans la plupart des phrases qu’elle compose : « Tu comprends pas qu’une phrase c’est un souffle ? Chaque fois que tu m’interromps, oppose-t-elle à son compagnon, je suis obligée de tout reprendre depuis le début. Parce que je reprends mon souffle. » Que voulez-vous, on peut continuer à dénigrer une figure peut-être agaçante ; on peut aussi lire à en perdre haleine une prose aussi haletante, bien que prosaïque, que la course des amants dans le film de Truffaut, Jules et Jim. Le tourbillon de la vie, quoi !

Christine Angot, Un tournant de la vie, éditions Flammarion.

Le passé qui revient
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C
https://www.franceinter.fr/livres/un-effondrement-litteraire-le-masque-dezingue-le-livre-de-christine-angot-un-tournant-de-la-vie<br /> <br /> Tout est dit, sacré blog littéraire que nous avons là qui fait l'éloge d'une "rédaction de 4ème"
O
Je ne cherche pas à vous plaire, cher monsieur Amary et ne vous oblige nullement à consulter le blog littéraire d'un inculte comme moi. Je ne suis pas publicitaire pour chercher à communiquer, comme vous m'enjoignez de le faire. Christine Angot a une oeuvre, ne vous en déplaise. Continuez de hurler avec les loups médiatiques si le coeur vous en dit, cela me ravit. Je suis d'autre part un adepte fervent du masochisme et vous incite à continuer de m'insulter, cela me fait jouir !
O
Les critiques de France Inter, la voix de son maître !
B
Le livre est d'une sacrée nullité. Déjà que le Bal des amants était pitoyable, mais là, c'est le bouquet. Et nous sommes sur un blog littéraire ?
O
Le marché des amants ou pensiez-vous au Bal des vampires ?

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