Top articles
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La littérature comme déchet
Il est des livres potaches qui disent mieux que tout procès-verbal la vérité de ce monde. En matière de verdict portant sur la condition humaine, il faut avouer que l'oeuvre de Kafka reste indépassable, et paradoxalement le livre écrit à quatre mains...
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Le bitume avec une plume
Des poèmes sans poésie. Voilà comment le rappeur Booba décrit ses textes, ses lyrics : « Mes lyrics te font pleurer / J’ai la rime lacrymogène ». Publier les meilleures punchlines de Booba que l’écrivain Thomas A. Ravier assimile dans sa préface à « un...
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Baudrillard Spirit
Partons d'un constat simple. La pensée de l'auteur de De la séduction continue toujours de séduire car elle offre des clés d'interprétation du monde dont elle nous éloigne aussi paradoxalement. Elle séduit, pour ne pas dire qu'elle fascine comme son auteur...
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L'enfance du roman
Seuls peut-être les enfants dans leurs jeux ou les romanciers disposent de cette faculté consistant à donner vie à des personnages qui n’existent pas ou plus ? Se raconter une histoire, n’est-ce pas toujours convoquer des spectres, les créer ou les recréer...
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Le Cosmos et la Vie
Ce qui frappe avec François Cheng est qu’il semble avoir toujours été à l’orée de la vie. Poète reconnu, essayiste, académicien devenu immortel, l’auteur de L’écriture poétique chinoise et de Vide et Plein, Le langage pictural chinois , reste sensible...
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Un carré parfait
On ne peut reprocher à Guillaume Basquin de ne jamais prendre date. Lorsqu’il publie en 2013 son premier essai, Fondu au noir (le film à l’heure de sa reproduction numérisée) , il prend acte de la disparition tragique du cinématographe et de l’avènement...
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On se casse
Je connais de nombreux lecteurs horripilés par Christine Angot. Les reproches d’imposture vont souvent bon train. Or, ces reproches, Angot ne cesse de se les adresser à elle-même ; ou pour le moins n’esquive-t-elle pas la crise qui s’empare du sujet Angot...
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Sexe & Politique
On peut s’interroger souvent sur les raison d’être d’un journal. Entreprise parfois narcissique d’autojustification, frôlant souvent l’anecdotique ou le superflu ; quand il ne s’agit pas de perpétuer une vie placée sous le signe des mondanités, comme...
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L'aire du soupçon
Quand Lacan affirme que « la vérité a structure de fiction », sans doute essaye-t-il d’approcher ce cœur irréel de l’existence qui ne se perpétue que d’être raconté, recréé ou inventé. Le secret est la règle ; le mensonge, notamment à soi-même, l’exception...
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Entre les taudis et les basiliques
Nous sommes en 1957. Paraît le recueil de poèmes de Pasolini, Les cendres de Gramsci , édité intégralement aujourd’hui dans la traduction de Jean-Paul Manganaro. L’écrivain a débuté sa carrière de cinéaste, en collaborant avec des réalisateurs tels que...
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La guerre des sexes
« On m’admirait par pure convention, un ronron, comme mes compères tortillards au long cours, Sollers ou Modiano », clame non sans une certaine forfanterie le narrateur du dernier livre de Pierre Michon, J’écris l’Iliade . Celui qui jeune homme cherchait...
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Cette plénitude que procurent les images
Face à la prolifération des livres inutiles, des contre-enquêtes complaisantes avec l’air du temps, des autofictions narcissiques, le dernier livre de Catherine Millet, intitulé sobrement Simone Émonet , propose une expérience de lecture qui ravit littéralement....
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Le malentendu Mauvignier
L’unanimité qui entoure la publication du dernier roman de Laurent Mauvignier, La Maison vide , auréolé du Prix Goncourt n’est franchement pas pour nous déplaire. L’occasion nous est d’abord donnée de rappeler l’ancrage de ce prix destiné à récompenser...
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Qui pense trahit
Dans un précédent tome du Dernier royaume, Pascal Quignard s’intéressait à la figure des désarçonnés, de ceux qui à l’image de Saint-Paul ou de Montaigne furent comme accidentellement saisis par le surgissement du Temps. Avec ce dernier ouvrage, l’auteur...
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Soleil noir de la prose
Une chambre en bord de mer. Un homme et une femme se retrouvent après avoir passé un contrat. Pendant plusieurs nuits, la femme viendra coucher avec l’homme qui lui monnayera ce service. La simplicité de la trame narrative est à l’image du dispositif...
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Aller vers où le coeur nous guide
Elle se noie, Anguille et ses souvenirs affluent de toutes parts. Elle pense à sa famille, à sa mère morte à sa naissance, à sa soeur Crotale, à ce père surnommé Connaît-Tout, pêcheur intransigeant, ne prêtant qu’une attention lâche à ses deux filles...
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Une saison au Paradis
C’est entendu, le christianisme et toutes les religions monothéistes ont occulté la Nature, quand elle n’a pas été arraisonnée par la Technique comme l’analyse froidement Heidegger. « L’humanité est une maladie dont les religions ont eu pour fonction...
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Le désespoir est une défaite.
Il était une fois Mariana, une jeune prostituée ukrainienne à laquelle Yulia, une amie d'enfance, confia son fils, Hugo, afin de fuir le ghetto. L'enfant de onze ans réside, deux années durant, dans un réduit obscur et étriqué. Mariana nourrit son protégé...
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De la littérature comme virus
Aux bondieuseries pour lesquelles il n’a pas de mots assez durs, Lambert Schlechter préfère les « proseries », à mi-chemin des causeries littéraires et des poèmes en prose exaltant la beauté violente du sensible. Nourrie de ce que l’auteur définit non...
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L'existence du noir
« Les physiciens nomment singularité la région de l’espace où s’effondre une étoile. Melville s’est-il ainsi effondré, brûlé, épuisé dans sa singularité ? Il aura opéré dans la littérature américaine un ‘trou noir’ », écrit en conclusion d’un court exercice...
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Rejoindre la guerre
« Comment rejoint-on la guerre ? Par quel chemin ? Existe-t-il un sas, une frontière, une porte à franchir derrière laquelle s’étend son territoire officiel ? » Le narrateur du dernier roman de Jérôme Ferrari, que l’on sait hanté par la fin des empires,...
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Le passé qui revient
Ne tergiversons pas ; il faut défendre Angot coûte que coûte ! En ligne de mire, la vérité en littérature, comme Cézanne soutenait à Émile Bernard qu’il la devait en peinture. Comme Titus aimait Bérénice, mais se devait de la fuir ; la narratrice d’ Un...
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Le coup d'après
Une vieille femme écrivain, que les lecteurs de J.M Coetzee connaissent bien, Elisabeth Costello, est accueillie par sa fille Helen, à Nice. Elles sont rejointes par le frère, John, vivant aux États-Unis. Entre les lignes et quelques parties de cartes...
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Les deux amis
« Tant que mes amis ne mourront pas, je ne parlerai pas de la mort », écrivait Isidore Ducasse, comte de Lautréamont dans ses Poésies. Un ami meurt, et la mort vous dévaste. Elle vous gifle comme une vague, modifie votre voix même. Un nouveau corps doit...
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Proses évangéliques
Combien est étrange cette vogue éditoriale des correspondances amoureuses ! Camus, Claudel, Sollers ; en quelques semaines, de grands écrivains nous ouvrent le secret de leur alcôve ou presque. Correspondance pléthorique entre Camus et Maria Casarès,...